En France comme dans le reste du monde, le harcèlement de rue demeure un problème majeur. Une récente enquête de la marque L’Oréal Paris révèle que 75% des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel dans un espace public au moins une fois dans leur vie. Ce phénomène a de nombreuses répercussions sur le quotidien des femmes, y compris sur leur vie sociale et professionnelle.

Des comportements répandus et inquiétants

Sifflements, insultes, gestes déplacés, comportements oppressants… Le harcèlement de rue que subissent les femmes reste malheureusement très courant. Selon une enquête Yougov publiée en mars 2022, près de 57% des femmes interrogées changent de trottoir lorsqu’elles aperçoivent quelqu’un au loin, tandis qu’une femme sur deux rapporte avoir déjà été agressée verbalement dans la rue. Ce phénomène n’affecte pas seulement les victimes au moment où il se produit, mais influence aussi leurs choix de vie. C’est ce que montre une étude récente de L’Oréal Paris, menée dans plus de vingt pays sur cinq continents, dévoilée lors de la semaine de lutte contre le harcèlement de rue (14-21 avril).

La peur du harcèlement freine les opportunités des femmes

D’après l’enquête, une femme sur deux admet avoir renoncé à des opportunités par crainte de se retrouver dans des situations favorisant le harcèlement de rue. Ce phénomène touche particulièrement les femmes de moins de 35 ans. Toutes tranches d’âge confondues, une femme sur quatre a déjà refusé une offre d’emploi par peur d’être agressée, et une femme sur six a renoncé à une formation universitaire pour les mêmes raisons. Parmi les femmes de plus de 35 ans, une sur trois a décliné une proposition de travail et une sur quatre a abandonné une formation pour ces motifs.

La peur de travailler loin de chez soi ou à des heures tardives peut expliquer pourquoi ces femmes finissent par refuser de telles opportunités. « Le harcèlement de rue restreint la manière dont les femmes peuvent gérer leur emploi du temps, car il limite leurs activités et donc leur potentiel. Il prive certaines femmes de la liberté de travailler pour financer leurs études, ou à l’inverse de s’inscrire à des cours du soir », explique Delphine Viguier-Hovasse, Directrice Générale Internationale de L’Oréal Paris. Ces restrictions ne concernent pas uniquement la vie étudiante ou professionnelle. Près de 41% des femmes avouent avoir déjà refusé de participer à des événements sociaux tels que des sorties au restaurant, dans des bars ou des clubs.

« Le harcèlement de rue n’est jamais de votre faute »

En France et ailleurs, le harcèlement de rue est tellement courant que 87% des femmes qui en sont victimes ont adopté des stratégies d’évitement : 76% hésitent à sortir tard le soir, 64% évitent de sortir seules et 60% modifient leur tenue vestimentaire. Un travail de sensibilisation du grand public est indispensable : 52% des personnes interrogées estiment que les femmes sont parfois responsables des situations de harcèlement sexuel en raison de leur attitude, comportement ou apparence.

Ces croyances erronées inversent la culpabilité des victimes. La campagne de sensibilisation lancée par L’Oréal Paris dans les transports en commun de plusieurs villes françaises vise à combattre ces préjugés. Intitulée « le harcèlement de rue n’est jamais de votre faute », cette initiative, débutée le 8 mars dernier, s’attaque aux stéréotypes qui stigmatisent les victimes de harcèlement de rue.

« Il y a urgence à agir »

En 2020, L’Oréal Paris a lancé, en collaboration avec l’ONG Right to Be et la Fondation des Femmes, le programme de formation « Stand Up », destiné à aider chacun à intervenir « en toute sécurité, que l’on soit victime ou témoin de harcèlement de rue ». Présent dans plus de quarante pays, ce programme repose sur la méthodologie des 5D développée par Right to Be : « Distraire, Documenter, Déléguer, Dialoguer et Diriger ». « Les hommes et les femmes sont formés, car tout le monde doit faire partie de la solution », précise Delphine Viguier-Hovasse. Elle ajoute : « Il n’y a pas de culture qui encourage le harcèlement de rue, le problème est mondial et les chiffres sont globaux. Le harcèlement est le même partout. Il y a donc urgence à agir ».