Des technologies telles que l’audiodescription, les gilets vibrants et les tablettes tactiles permettent aux supporters malvoyants et malentendants de vivre les événements sportifs au même rythme que les autres spectateurs dans les stades et les salles. Ces dispositifs seront notamment utilisés pendant les Jeux olympiques.

Une immersion sportive pour tous

« La balle est tirée de la droite, elle est entrée et sortie de la raquette et c’est Monaco qui récupère le ballon. La raquette, c’est cette zone rectangulaire sous le panier ». Dans l’oreillette, une voix décrit au spectateur malvoyant les autres fans agitant leur téléphone allumés – et tout ce qui se passe dans l’Arena Bercy et sur l’écran géant.

Lors des finales de la Coupe de France de basket, fin avril, des spectateurs aveugles ont suivi les matches grâce à l’audiodescription : équipés d’un boîtier, ils entendaient un commentateur sportif décrire les actions, tandis qu’une autre voix fournissait des éléments de description visuelle, dans une expérience organisée par Optic 2000 en préparation des JO.

« D’habitude on entend l’ambiance, mais on ne sait pas pourquoi le public crie », explique Sofiane Ahmad, 31 ans, qui a déjà utilisé ce dispositif pour des matches de rugby, de football et des compétitions d’athlétisme.

« Là, on ressent l’énergie qui se transmet quand les supporters crient tous ensemble, on vit l’instant », ajoute-t-il.

Un plaisir partagé

Ce passionné du PSG suit habituellement les matches à la radio, où les commentaires sont plus descriptifs qu’à la télévision : « Je reconstitue dans ma tête comment cela évolue sur le terrain », précise-t-il. Il jouait au foot avant de perdre la vue dans un accident de la route à 19 ans.

Le cécifoot qu’il pratique aujourd’hui lui a permis de créer un « cercle social » de non-voyants et de voyants, qui suivent parfois ensemble des matches : les voyants devant la télévision, les non-voyants collés à la radio. « C’est un plaisir qu’on partage ».

Pierre-Marie Micheli, également non voyant depuis un accident à 25 ans, a adoré vivre un match de rugby en audiodescription avec son père. « C’est rare que je puisse partager des moments avec ma famille sans peser sur eux », dit-il. « J’ai pris le même plaisir que lorsque j’étais voyant », confie cet homme de 37 ans, adepte de rugby et de VTT avant son accident.

Il a également utilisé une tablette tactile, avec un aimant se déplaçant en même temps que le ballon lors d’un match de rugby. « Je sentais avec mes doigts en temps réel la balle qui quittait le terrain, j’ai pu crier avec tout le monde », explique-t-il à propos de cet outil qui sera utilisé aux Jeux.

Vibrations et émotions

Dans une ambiance de vuvuzelas, de fanfares et de percussions, au milieu des clameurs de l’Arena Bercy, Khaled Kharraz, sourd, a pleinement profité du basket grâce à un gilet vibrant qui convertit les sons en vibrations, transmises dans son dos.

« Je ressens tout : le ballon qui rebondit sur le terrain, les pas des joueurs qui se déplacent, le public qui hurle quand il y a un panier. Les vibrations sont différentes : il suffit alors d’observer ce qui se passe pour faire le lien », explique-t-il. « Je suis vraiment dedans », dit-il, ravi de vivre le match avec un ami.

Encore peu répandus, ces dispositifs sont surtout utilisés pour le football, le tennis et les disciplines paralympiques. Les associations espèrent que les Jeux olympiques vont en accélérer le déploiement.

L’audiodescription sera proposée pour six sports (football, athlétisme, judo, natation, tennis, équitation) et dix disciplines paralympiques, sur 13 sites, selon le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.

« Nous aurons 460 heures d’audiodescription et avons ciblé les sports que les experts en handicap visuel nous ont dit être les plus intéressants pour eux », explique à l’AFP Ludivine Munos, responsable de l’intégration paralympique à Paris-2024. France Télévisions mettra en place 70 heures d’oralisation pendant les Jeux, sur un canal spécifique, précise Mme Munos.

La tablette tactile sera déployée sur six sites, pour des compétitions de football, de rugby, de basket et quatre sports de ballon paralympiques.