Allez savoir pourquoi, les athlètes de haut niveau (et leurs corps sculptés) véhiculent souvent l’idée d’une sexualité débridée. À tel point qu’on pense souvent qu’ils doivent se réfréner pour rester performants. Mais qu’en est-il réellement ? Sur Radio France, Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’INSEP, a clarifié quatre grands mythes.

Les athlètes ont-ils une sexualité hors normes ?

En d’autres termes, les sportifs sont-ils plus actifs sexuellement que la moyenne et recherchent-ils des performances, même sous la couette ? Eh bien, non, pas vraiment. « Leur sexualité est comme celle de la population générale. D’après une enquête que nous avons réalisée il y a quelques années, leur fréquence de rapports sexuels est la même que celle de la population générale de leur âge, » précise la spécialiste sur Radio France.

Physiquement, la pratique sportive n’a pas non plus d’incidence significative sur la libido des hommes, ou alors très légèrement à la baisse. « Les sports intensifs tels que la course de fond, le cyclisme et tous les sports qui entraînent une diminution de la masse grasse, s’accompagnent d’un déficit énergétique qui peut s’accompagner d’une diminution de la testostérone ». Bref, un athlète peut tout à fait s’endormir sur le canapé sans avoir eu l’intention de battre un record.

La frustration sexuelle améliore-t-elle les performances ?

C’est un mythe récurrent, surtout lors des grandes compétitions. La frustration sexuelle est-elle bénéfique pour donner le meilleur sur le terrain ? Là encore, c’est une fausse idée.

« La frustration, quelle qu’elle soit – d’ordre sexuel ou autre – n’est pas source de performances. C’est même plutôt antinomique » explique Carole Maître. En bref, pour être performant, mieux vaut être bien dans son corps et dans son esprit. Et si cela passe par une vie de couple épanouie, l’experte ne voit pas le problème.

À l’inverse, un athlète qui n’a pas eu de relations sexuelles depuis des mois peut aussi bien performer, s’il se sent bien. « Plus de 80% des sportifs et sportives considèrent que leur sexualité n’a pas d’impact sur leurs résultats sportifs » révèle l’experte. « Il faut être bien dans son corps, dans son esprit pour être performant. Donc il y a la part de l’entraînement, mais il y a aussi la part de l’épanouissement personnel. C’est indéniable, les deux sont vraiment intimement liés ». Et la sphère intime reste intime.

Certains entraîneurs gèrent-ils les relations sexuelles de leurs athlètes ?

À l’inverse, il circule beaucoup de fantasmes sur la place du sexe dans la vie d’un sportif en compétition. Ainsi, le fait d’autoriser les femmes et les familles à être présentes à certains moments (comme pendant la Coupe du monde de football au Qatar en 2022) laisse entendre à certains que les entraîneurs gèrent la vie intime des athlètes. Pour la gynécologue, il n’y a aucun conseil de cet ordre. « Un mondial au Qatar, c’est un éloignement de la sphère familiale et personnelle. Certains joueurs étaient de jeunes papas. (…) Permettre cette présence des compagnes et des enfants est important pour l’équilibre personnel et l’épanouissement de chacun ».

Lors des prochains JO, les familles et les compagnes pourront également séjourner à proximité… pour le bon équilibre de tous.

Les Jeux olympiques augmentent-ils les IST ?

Cette idée provient notamment de la distribution massive de préservatifs à chaque édition des Jeux. Pour les JO de Paris 2024, 230 000 préservatifs seront mis à disposition des athlètes. C’était 160 000 à Tokyo en 2021 et 450 000 à Rio en 2016. Les JO sont-ils vraiment une grande « fête du slip » ? Pas réellement, mais ils sont un moment de brassage mondial des populations. La distribution de préservatifs fait donc partie d’une campagne de prévention inévitable.

En réalité, les choses sont plus nuancées : « Comme dans tout grand rassemblement, on va craindre ce qui est transmissible. Les IST, mais aussi les infections respiratoires saisonnières. Mais pas plus les IST que d’autres risques », explique la spécialiste. Le nombre de préservatifs distribués n’est pas représentatif de l’activité sexuelle du pays. Mais selon l’experte, cette distribution fait partie de la responsabilité des organisateurs.

Il y a fort à parier que beaucoup d’athlètes ramèneront ces préservatifs comme des « goodies » des JO de Paris.