Faut-il vraiment peu pour être heureux ? Cette question reste complexe à une époque où la santé mentale mondiale se détériore. Une récente étude, résumée dans un ouvrage, montre que le bonheur s’apprend et se cultive quotidiennement à travers des gestes et habitudes répétées jusqu’à atteindre satisfaction et épanouissement. À l’occasion de la Journée mondiale du bien-être le 10 juin, voici quelques conseils à appliquer dès maintenant.

Le bonheur, un objectif ultime mais difficile à atteindre

Le bonheur devrait être l’objectif ultime, mais il semble de plus en plus hors de portée. Selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), environ 970 millions de personnes souffraient de troubles mentaux dans le monde en 2019, un chiffre qui a fortement augmenté depuis la pandémie de Covid-19. Un enjeu prioritaire donc. L’OMS définit la santé mentale comme « un état de bien-être mental qui nous permet de faire face aux sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. Elle fait partie intégrante de la santé et du bien-être, sur lesquels reposent nos capacités individuelles et collectives à prendre des décisions, à nouer des relations et à bâtir le monde dans lequel nous vivons ».

Un entraînement quotidien nécessaire

Cette description souligne l’importance de mettre en place des actions pour assurer l’épanouissement des populations et de se tourner vers la science pour découvrir ce qui peut y contribuer. Une étude récente menée par des chercheurs de l’université de Bristol au Royaume-Uni, créateurs du programme « Science of Happiness » lancé en 2018, révèle que le bonheur s’apprend et se travaille quotidiennement. Les auteurs précisent même qu’il faut le considérer comme un sport, nécessitant entraînement et détermination. Une perspective positive, puisqu’elle suggère que le bonheur est accessible à tous.

« C’est comme aller à la gym : on ne peut pas s’attendre à ce qu’un seul cours suffise pour être en forme pour toujours. Tout comme pour la santé physique, nous devons continuellement travailler sur notre santé mentale, sinon les améliorations sont temporaires », estime le professeur Bruce Hood, principal auteur de cette étude. Il est aussi l’auteur de l’ouvrage « The Science of Happiness : Seven Lessons for Living Well » qui synthétise les principaux enseignements et les astuces à appliquer quotidiennement pour accéder au bien-être ultime.

Se tourner vers les autres

Publiée dans la revue Higher Education, l’étude a suivi et évalué le bien-être des étudiants ayant suivi ce cours sur le bonheur, et ce longtemps après la fin du programme. Les étudiants concernés ont observé une amélioration de leur bien-être, de l’ordre de 10% à 15% en moyenne, à court terme. Cependant, seuls ceux qui ont continué à appliquer les enseignements reçus ont conservé ces bénéfices deux ans plus tard.

« Cette étude montre que suivre un cours – qu’il s’agisse d’un cours de gym, d’une retraite de méditation ou d’un cours sur le bonheur fondé sur des données probantes comme le nôtre – n’est qu’un début : il faut s’engager à utiliser régulièrement ce que l’on a appris », poursuit le professeur Hood. Il ajoute : « Une grande partie de ce que nous enseignons repose sur des interventions de psychologie positive qui détournent votre attention de vous-même, en aidant les autres, en étant avec des amis, en faisant preuve de gratitude ou en méditant ».

Des habitudes à adopter

Alors que la Journée mondiale du bien-être approche, fixée au 10 juin 2024, voici les recommandations de l’étude et du professeur de l’université de Bristol. Se tourner vers les autres est crucial, comme le rappelle régulièrement le spécialiste sur son compte X (anciennement Twitter). « L’individualisme est-il allé trop loin ? Pourquoi les rues sont-elles pleines de salons de tatouage, de bars à ongles, d’esthéticiens, de cliniques de botox, etc. ? Les gens donnent la priorité à l’identité et au soin de soi, mais ce niveau de vanité alimente les comparaisons sociales négatives », a-t-il récemment posté.

L’étude préconise de multiplier les relations sociales, de discuter avec des inconnus, de lutter contre la solitude et de privilégier les actes de bienveillance. Offrir des cadeaux aux autres « active les centres de récompense [du] cerveau et procure souvent un plus grand sentiment de bonheur que de dépenser de l’argent pour soi-même ». Les médias sociaux peuvent également être une bonne solution, à condition de ne pas se focaliser sur sa réputation.

Autres points à travailler : se concentrer sur les événements positifs de la journée, dormir suffisamment et privilégier les espaces verts. « Marcher dans la nature désactive la partie du cerveau liée aux ruminations négatives, associées à la dépression », précise l’étude. De manière générale, les chercheurs rappellent qu’il existe « une corrélation entre la gentillesse et le bonheur ». Autant de conseils à mettre en pratique quotidiennement pour atteindre le bien-être absolu.