Les hormones sexuelles jouent-elles un rôle dans la progression de la sclérose en plaques, comme c’est le cas pour de nombreuses maladies auto-immunes ? Cette question est particulièrement pertinente étant donné que la sclérose en plaques affecte principalement les femmes, surtout celles en âge de procréer. La SEP influence la qualité de vie des patientes, mais grâce aux avancées en recherche et en imagerie, la prise en charge est plus précoce qu’auparavant.

Symptômes initiaux de la sclérose en plaques

Les premiers signes de la sclérose en plaques varient considérablement selon les individus, la forme et le stade de la maladie. La SEP peut débuter par une poussée soudaine, avec l’apparition rapide de symptômes neurologiques (vision trouble, faiblesse musculaire, problèmes d’équilibre, perte de mobilité, picotements, troubles urinaires…). Si ces symptômes existent déjà, la poussée les aggrave. Une fatigue extrême est souvent présente. La forme récurrente-rémittente de SEP est la plus courante, représentant 85 % des cas initiaux. Le diagnostic est posé par un médecin, qui identifie les lésions via les symptômes observés chez la patiente.

Défis quotidiens des patients atteints de SEP

À l’occasion de la journée mondiale de la SEP, des athlètes atteints de cette maladie défient des inconnus pour leur faire vivre les épreuves quotidiennes qu’ils affrontent. Dans cette vidéo, Justine fait face à des troubles moteurs.

SEP chez les jeunes femmes : prévalence et âge d’apparition

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune affectant le système nerveux central. Elle touche principalement les jeunes adultes et constitue la première cause de handicap sévère non traumatique chez les trentenaires. En France, environ 110 000 personnes sont atteintes de SEP, avec une prévalence beaucoup plus élevée chez les femmes (environ trois femmes pour un homme). Certaines formes de SEP touchent cependant les deux sexes de manière égale.

D’après l’Inserm, les symptômes apparaissent généralement autour de 30 ans. En raison de son évolution possible et de l’absence de traitement curatif, la SEP est la principale cause de handicap sévère non-traumatique chez les jeunes adultes.

Influence des hormones sexuelles sur la SEP

Il existe un lien entre la SEP et les hormones sexuelles. Des études sur les œstrogènes, la progestérone et la testostérone montrent que ces hormones ont des effets neurotrophiques et immunomodulateurs importants sur le système nerveux central. La sécrétion accrue de ces hormones et des corticoïdes naturels pendant la grossesse explique la réduction significative des poussées au troisième trimestre. À l’inverse, la diminution des hormones après la grossesse entraîne la réapparition des poussées.

Récemment, des recherches ont révélé que les androgènes, bien qu’en faible quantité chez les femmes, sont essentiels pour régénérer la gaine de myéline détruite par la SEP. La chercheuse Inserm Elisabeth Traiffort indique : « Nos données suggèrent l’utilisation de doses appropriées d’androgènes chez les femmes atteintes de SEP et la nécessité de prendre en compte le sexe du patient dans l’approche thérapeutique de cette pathologie et probablement d’autres pathologies impliquant la destruction de la myéline. »

Des recherches sont en cours sur l’utilisation des hormones sexuelles pour prévenir les poussées.

Compatibilité de la SEP et de la contraception

La contraception n’est pas contre-indiquée pour les femmes atteintes de SEP. Les femmes en âge de procréer sous traitement de fond pour la maladie doivent utiliser une contraception efficace. Les immunosuppresseurs et, dans une moindre mesure, les immunomodulateurs présentent des risques pour le développement de l’embryon et du fœtus. Les études montrent que la contraception orale n’affecte pas la progression de la maladie.

SEP et désir de grossesse

La SEP n’affecte pas la fertilité des femmes et ne présente pas de risque pour la grossesse. Cependant, des précautions doivent être prises avant la conception :

  • Discuter du désir de grossesse avec son neurologue pour la programmer lorsque la maladie est peu active.
  • Respecter un délai de 3 à 6 mois entre le début de la grossesse et l’arrêt de certains traitements contre la SEP.

Symptômes de la SEP pendant la grossesse

Depuis les années 1950, la grossesse et le post-partum ne sont plus considérés comme néfastes pour la SEP. Au début des années 2000, l’étude PRIMS2 menée par le réseau EDMUS a examiné les conséquences de la grossesse et du post-partum sur l’évolution de la SEP. Elle a inclus 254 patientes pour 269 grossesses suivies par 128 neurologues dans 12 pays européens.

  • Les patientes, âgées en moyenne de 30 ans avec 6 ans de maladie, ont montré une réduction des poussées dès le 1er trimestre de grossesse, avec une diminution spectaculaire de 70 % au 3e trimestre par rapport à l’année précédente.
  • Après l’accouchement, une augmentation de 70 % des poussées a été observée au 1er trimestre de post-partum par rapport à l’année précédente. Puis le taux de poussées revenait à la normale.
  • Sur l’année combinant grossesse et post-partum, le nombre de poussées était similaire à celui de l’année précédente, indiquant un simple décalage dans le déclenchement des poussées.
  • La grossesse n’impacte pas l’évolution du handicap. Les données obstétricales pour la mère et l’enfant sont comparables à celles des femmes en bonne santé. La péridurale et l’allaitement ne semblent pas nuire à la progression de la maladie.

Il est désormais possible d’affirmer que la grossesse et le post-partum n’aggravent pas la SEP et entraînent seulement un décalage des poussées. Des études récentes suggèrent que la grossesse pourrait avoir un effet protecteur à long terme, retardant ou empêchant le début d’une phase progressive de la maladie.

Traitement de la SEP pendant la grossesse

En cas de poussées durant la grossesse, la patiente doit consulter son neurologue. Celui-ci pourra prescrire des corticoïdes en perfusion à haute dose, un traitement présentant peu de risques pour la mère et l’enfant.

Sclérose en plaques et ménopause

À la ménopause, les femmes cessent de produire des hormones sexuelles, un phénomène qui survient généralement autour de 52 ans mais peut se produire plus tôt en raison de certains traitements médicaux. Il est actuellement difficile d’évaluer l’effet de la ménopause sur la fréquence des poussées de SEP. Toutefois, le traitement hormonal substitutif (THS) n’est pas contre-indiqué et est recommandé pour les femmes présentant des symptômes gênants (bouffées de chaleur…) à condition qu’elles ne présentent pas de contre-indications comme un cancer du sein ou des risques de phlébite. Les THS améliorent également certains troubles sexuels (sécheresse vaginale, douleurs) plus fréquents chez les femmes ménopausées atteintes de SEP.

« La sclérose en plaques touche majoritairement des femmes jeunes. Des études ont montré que la SEP n’affecte pas la fertilité et ne contre-indique pas l’utilisation de la contraception ou des traitements hormonaux. Il est établi que la grossesse n’est pas contre-indiquée pour une femme atteinte de SEP. Cependant, la grossesse doit être planifiée afin d’interrompre les traitements de fond avant la conception et après une année sans activité clinique de la maladie. »

Dr Anne-Caroline PAPEIX, Neurologue au CHU Pitié-Salpêtrière, Paris, membre du Comité Inter-Régional Médical de la Fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques