Des chercheurs ont identifié une corrélation entre une exposition prolongée au bruit des avions et une augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) aux États-Unis. Cette pollution sonore pourrait s’ajouter aux nombreux effets néfastes pour la santé des riverains des aéroports.

Entendre des avions passer constamment au-dessus de chez soi n’est pas très agréable. Une réalité bien connue des personnes vivant près des aéroports. Mais cette pollution sonore pourrait avoir un effet insoupçonné sur la santé : favoriser la prise de poids.

La pollution sonore des avions pourrait faire grossir

Des chercheurs de l’École de santé publique de l’université de Boston et de l’université d’État de l’Oregon (OSU) ont récemment publié une étude dans la revue Environment International. D’après leurs conclusions, un bruit d’avion supérieur à 45 décibels pourrait être associé à un IMC plus élevé et modifié dès l’âge de 18 ans. « Un niveau sonore de 45 décibels (dB) est juste au-dessus du murmure d’une bibliothèque (40 dB) et plus faible qu’une conversation normale à la maison (50 dB) », expliquent les auteurs de l’étude dans un communiqué.

L’étude a été menée aux États-Unis, en se basant sur des données collectées entre 1995 et 2010 auprès de 74 848 infirmières vivant près de 90 grands aéroports américains. Les chercheurs ont évalué les niveaux de bruit des avions tous les cinq ans pendant cette période, sur une durée de 24 heures, en tenant compte des variations diurnes et nocturnes. Ils ont également calculé l’évolution de l’IMC à partir de l’âge de 18 ans.

Les personnes âgées, les jeunes adultes et les anciens fumeurs plus touchés

Les résultats de l’étude montrent que le lien entre la pollution sonore des avions et la prise de poids semble plus prononcé chez les personnes âgées par rapport aux jeunes adultes. Des associations plus marquées ont également été constatées chez les participants vivant sur la côte ouest des États-Unis, dans des régions au climat aride, ainsi que chez les anciens fumeurs.

« Dans notre monde moderne, le bruit est omniprésent et notre corps ne s’est peut-être pas adapté à cette exposition constante. Le bruit peut influencer les réponses au stress, ce qui peut déclencher une série de réactions menant à une augmentation de l’IMC et, par la suite, à des maladies », explique Junenette Peters, co-autrice de la recherche.

Bien que les auteurs de l’étude n’aient pas déterminé pourquoi les anciens fumeurs semblent particulièrement touchés, ils émettent cependant des hypothèses sur les disparités régionales. « Les participants de l’ouest des États-Unis sont peut-être plus exposés au bruit des avions en raison de l’ouverture des fenêtres ou du type de logement, permettant une plus grande pénétration du bruit ».

Cette étude adopte une approche innovante en explorant le lien entre l’exposition au bruit des avions et l’obésité à une échelle nationale aux États-Unis, mais elle n’est pas la première à souligner les effets néfastes de la pollution sonore des aéroports sur la santé. Les nuisances sonores de l’aviation sont notamment associées à des troubles du sommeil et à un risque accru de maladies cardiovasculaires comme l’hypertension et le diabète. Une étude française de 2020 a également révélé un risque plus élevé de mortalité par infarctus du myocarde chez les habitants des communes les plus exposées au bruit des avions.